Anne Myatt




Je suis devenue artiste-poupée très jeune, probablement vers 8 ou 9 ans. J'ai toujours pensé que les poupées avaient une âme. Ma sœur et moi pensions que nos poupées prenaient vie la nuit et que nous essayions de rester éveillées pour profiter de leur magie, mais nous n'avions jamais assez de chance. J'adorais toutes les poupées, aussi laides ou usées soient-elles. Je me souviens avoir ramené à la maison une vieille poupée sale trouvée dans la neige et l'avoir soignée pour la ramener à la vie.
J'ai grandi à Détroit, dans le Michigan, mais j'ai passé mes plus beaux moments avec ma grand-mère dans le Mississippi, où j'étais encouragée à créer ce que je voulais, quel que soit le support. Je fabriquais des poupées avec des bouteilles de Coca-Cola et des cheveux en barbe de maïs, entre autres. Ma dernière expérience de fabrication de poupées remonte à mes 16 ans, lorsqu'on m'a dit que je devais grandir et envisager des études d'infirmière. Les beaux-arts n'étant pas faits pour moi, il me fallait un soutien. J'ai cependant pu suivre des cours d'art au fil des ans, et tout ce que j'ai appris contribue à la fabrication de ces poupées.
La création de poupées est revenue dans ma vie il y a une quinzaine d'années, lorsque j'ai commencé avec les poupées Cabbage Patch. Puis j'ai découvert les poupées Lenci de Signora Elena di Scavini. Ces beautés en feutre pressé ont conquis mon cœur. J'ai su que je devais travailler le tissu. Pas seulement des poupées de jeu en tissu, mais des poupées d'art réalistes, de collection. Le tissu a quelque chose d'assez organique. Il respire. L'inspiration pour mon travail vient de multiples horizons. Je peux voir une image ou une personne dans la rue. J'entends une phrase ou un nom. Cela peut provenir d'une émission de télévision ou d'une pièce de théâtre. Peut-être d'un rêve ou d'une émotion. Je préfère créer des poupées qui « disent » quelque chose. Je n'aime pas les poupées qui restent plantées là.
J'adore créer des femmes et des enfants. Il m'arrive d'avoir une idée en tête que la poupée ne partage pas. J'ai un jour fabriqué une poupée destinée à être une mariée. Elle détestait être vêtue de dentelle. Elle m'a dit qui elle voulait être et a fini par devenir Agar, tenant son fils Ismaël dans ses bras. Je trouve que si j'écoute les poupées, elles me disent quand le travail est parfait. Je suis infirmière diplômée, mariée et mère de deux enfants. Mon mari et moi avons profité du « nid vide » jusqu'au retour de notre fils à la maison.
Mes poupées ont été présentées lors de plusieurs expositions. Je suis particulièrement fière d'une exposition à laquelle j'ai participé avec le NIADA (National Institute of American Doll Artists) lors de la Convention de Chicago en 2000. Hagar et Ishmael ont été nominées pour le prix Dolls of Excellence 2001 et figurent dans le calendrier Dolls of Color 2001. Le couple de Kwanzaa est présenté dans le livre « Here Comes the Bride Dolls ».
J'espère ne jamais créer la poupée parfaite. Je la chercherai toujours. Chaque poupée est un apprentissage. Chaque poupée est un instructeur pour la suivante.